Covenant Protestant Reformed Church
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Chapitre III: La Rédemption Particulière (Limited Atonement)

 

Homer C. Hoeksema

 

 

Quand vous entendez l’expression «Rédemption Particulière» vous pensez tout de suite à la controverse ou au débat qui existe dans la communauté réformée sur ce sujet particulier. Si vous vous attendez, dans ce chapitre, que j’aurai des choses à dire à propos de ce qu’on a appelé «Le cas Dekker» vous aurez deviné juste!

 

Relié à ce sujet, j’espère que ce qui suit sera clair comme du cristal!

 

Premièrement, je n’ai aucun intérêt ni aucune intention de m’engager dans un débat de personnalités ou prendre des positions qui seraient négatives envers certaines églises, peut importe leur nom. Je ne désire pas non plus me réjouir des difficultés ecclésiastiques de qui que ce soit. Ce qui regarde l’église et la vérité concernant notre «héritage réformé» sont des sujets trop sérieux. Que cela soit bien compris de tous!

 

Deuxièmement, l’autre coté de la médaille, c’est que je suis intéressé strictement dans la vérité de l’Évangile et de son avancement; ce sont les seules raisons, chers lecteurs, pour lesquelles je m’adresse à vous. J’ose espérer que vous partagez ces mêmes principes. Laissez-moi rajouter que la vérité de la Parole de Dieu et la vérité de la Foi Réformée, les deux sont pour moi synonymes.

 

Troisièmement, la question est donc de savoir: que dit notre confession Réformée au sujet de cette doctrine, et que disent les Écritures sur les bases mêmes de notre confession Réformée? Voilà notre propos! L’issue n’est pas d’émettre des opinions théologiques. Ce n’est pas non plus de savoir si c’est populaire, parce que certainement, la foi Réformée n’est pas très populaire aujourd’hui. Ce n’est pas non plus de savoir ce qui est utile ou nuisible dans la prédication de la Parole ou sur le champ missionnaire. Ce n’est pas non plus ce que nous aimerions penser. L’issue première pour tous les chrétiens Réformés c’est d’abord: que disent ces confessions avec lesquelles nous sommes en accord, et auxquelles les Réformés donnent leur approbation. Si je les accepte, je suis un Réformé. Si je ne les accepte pas, je devrais avoir l’honnêteté de dire, «Je ne veux pas être Réformé». Bien sûr, ultimement tout doit être basé sur les Écritures. Ce que les Écritures disent, voilà devant quoi je dois m’abaisser et céder mes idées personnelles. Je n’ai pas d’autres choix!

 

Quatrièmement, je n’ai pas l’intention de développer ce sujet d’une façon négative: je n’aime pas être négatif. Je désire développer, autant que possible dans ce chapitre, la Réforme et la vérité des Écritures concernant le rachat positivement, afin de démontrer avec respect, qu’il y a toujours des répercussions négatives, quand on s’éloigne de la vérité.

 

Cinquièmement, parce qu’il le faut, j’espère que vous comprendrez que je devrai me limiter en essayant de vous dresser les lignes importantes et les implications majeures de cette riche vérité. Sans doute que plusieurs chapitres pourraient être consacrés à ce sujet, et ça vaudrait la peine. Mais ce n’est pas le but maintenant; nous n’irons pas dans tous les détails. Nous sommes plutôt intéressés à vous faire connaître les lignes importantes de ce qui est appelé le Troisième Point du Calvinisme. En le faisant, je prend pour acquis que vous avez lu l’exposition de mon collègue, Professeur Hanko, dans les deux chapitres précédents, et que vous ne manquerez pas de prendre connaissance de ce que le Pasteur Van Baren vous expose à propos de la doctrine de Rédemption dans le 4ième et 5ième chapitre de cette brochure.

 

Finalement, l’introduction sera consacrée dans son entier sur l’importance relative de la vérité de la Rédemption Particulière dans l’ensemble des Cinq Points du Calvinisme et dans l’ensemble du salut par grâce. Cependant, je ne voudrais pas que ce chapitre soit trop long. Mais je tiens à vous démontrer que la vérité de la Rédemption Particulière saura focaliser votre attention sur la doctrine de l’Élection souveraine (ou la prédestination avec ses deux aspects; soit l’élection et la réprobation). L’objectif de la croix c’est de nous révéler que la prédestination faisait partie du plan de Dieu. À travers la croix, la révélation de la Souveraine prédestination de Dieu devient évidente, devant la réalité de la Dépravation Totale de l’homme; de par sa nature l’homme est perdu sans espoir aucun! D’un autre coté, nous retrouvons dans la Croix, le point central de toute la vérité du salut par grâce, tout autant que l’appel irrésistible, la préservation ainsi que la glorification des saints; de ce point de vue, c’est dans la croix et par le rachat de notre Seigneur Jésus-Christ que se trouve le salut pour le peuple de Dieu; quand ce miracle prend place dans leur cœur et dans leur vie. C��est dans le rachat (rédemption), que nous avons la garantie, la garantie absolue, de l’appel, de la préservation et de la glorification finale pour le peuple de Dieu. Le salut par la grâce souveraine ne dépend pas de l’homme afin qu’il ne se glorifie en rien. Du début à la fin, le salut est le travail de Dieu seul! C’est la réalisation de ce qui est avancé dans les versets de Romains 8 :29-30 dans ces mots que nous connaissons bien:

Car ceux qu’Il a connus d’avance, ils les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le «premier-né» entre plusieurs frères. Et ceux qu’Il a prédestinés, Il les a aussi appelés; et ceux qu’Il a appelés, Il les a aussi justifiés; et ceux qu’Il a justifiés, Il les a aussi glorifiés.

Ces remarques vous ont introduit à notre sujet: La Rédemption Particulière ou Rachat Limité. J’attire votre attention sur trois aspects du sujet:

I. Le rachat ou rédemption

II. La nature limitée du rachat

III. L’importance de maintenir cette doctrine

 

I. Le rachat ou rédemption

 

Clarifions d’abord l’exactitude du sujet.

 

En premier, notons que notre sujet concerne les souffrances et la mort de notre Seigneur Jésus-Christ. Cela semble évident. Mais il y a deux volets importants. Tout d’abord, tout ce que nous allons dire en rapport avec le Rachat demeure un fait historique, un évènement objectif réel. Nous ne discutons pas de quelque chose qui doit être accompli ou quelque chose à compléter, mais d’un évènement qui a été accompli il y a deux mille ans. Tout ce qui se rapporte au Rachat, c’est terminé. Ça fait partie du passé. C’est un fait accompli! Nous devons faire une distinction entre le travail de Christ pour nous, comme celui accompli à la croix, et le travail de Christ en nous, en ce qui concerne l’œuvre réalisée dans les cœurs et dans la vie du peuple de Dieu, de ce qui était l’objectif final de la croix. La réalisation et l’application des bienfaits du salut qui seront produits dans le cœur et dans la vie du peuple de Dieu, ne sont pas le sujet de ce chapitre.

 

En deuxième, le point est important, car la question n’est pas simplement de savoir que Christ a souffert et est mort. La question est: quel est le sens et la signification profonde de la mort de Christ? C’est un fait que Christ est mort; sans tenir compte du sens qui lui est donné ou de ce qu’on en dit, la chrétienté reconnaît le fait de la mort de Christ. Des réponses variées ont été données au cours de l’histoire de l’église pour expliquer ce qui avait été accompli par les souffrances et la mort de Christ.

 

Quelques-uns disent que c’était simplement un exemple. D’autres en parlent comme d’une théorie gouvernementale, essayant de démontrer que Dieu pour gouverner avec justice sur l’univers, avait choisi ce moyen pour amener les hommes à la repentance et ensuite les sauver. Nous disons sur les bases des Écritures; la mort de Christ a été le rachat, ou le paiement pour les péchés, afin d’être justifié et d’obtenir la vie éternelle. Bien plus, nous disons que le rachat était une substitution. Croire que Dieu est mort pour tous les hommes ce n’est pas ce que les Écritures enseignent; la mort de Christ est un «rachat» réservé à quelques hommes. Les Écritures nous enseignent que le rachat est limité. Jésus lui-même prône cette vérité à propos de sa mort dans Jean 10:15 («… je donne ma vie pour mes brebis»). Un peu plus loin dans le chapitre Il spécifie que «tous» ne sont pas inclus parmi les brebis. (Le verset 26: «Vous ne croyez pas parce que vous n’êtes pas mes brebis.») Christ a été un substitut, non pour tous les hommes, mais pour ses Élus seulement. C’est ce que la Foi Réformée maintient.

 

Clarifions les termes employés.

 

Le mot «atonement» (qui veut dire rachat) ne se retrouve pas dans les Écritures ou dans nos Confessions. Peut-être est-il possible de le retrouver dans la version King James … mais la traduction aurait pu se lire comme suit: rançon, rédemption, propitiation, réconciliation, rachat. Tous ces termes se relient entre eux, et le terme de réconciliation s’applique très bien ici. Ça nous ramène au fait que la mort de Christ nous a réconciliés avec Dieu.

 

Le mot «limité» a été critiqué parce que le terme semble indiquer un défaut, un manque, une limitation dans la mort de Christ. Des mots de rechange ont été suggérés tels que: particulier ou précis. D’un point de vue pratique, je ne suis pas sûr que le terme serait plus «fort». Nous croyons que le terme est très clair! Le mot «limité» veut dire que la mort de Christ est «limitée» ou réservée pour les Élus seulement.

 

Nous allons maintenant clarifier le sujet historiquement.

 

La doctrine du Rachat Limité est la doctrine Réformée, concernant la mort de Christ et par le fait même la rédemption des hommes (énoncée par les Canons II). Elle a été officiellement reconnue comme opposition à l’hérésie Arminienne qui disait le rachat universel et général. Les Arminiens dans le 2ième Article des «Remontrants» enseignent ceci:

Pour demeurer en accord avec leur doctrine de l’élection, les Arminiens disent que Jésus-Christ, le Sauveur du monde, est mort pour tous et chacun des hommes, et que par sa mort sur la croix, Il obtient pour eux tous, la réconciliation et le pardon des péchés; on doit comprendre que ce pardon est accordé à celui qui croit, selon l’Évangile de Jean 3:16: «Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.» Et dans le première épître de Jean 2:2: «Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.»

Voilà donc ce que les Arminiens enseignent:

  1. Que la rédemption de Christ est pour chaque homme individuellement, donc Christ serait mort pour obtenir la réconciliation et le pardon des péchés pour tous les hommes.

  2. Mais la rédemption est effective seulement pour les croyants. Même si Christ a obtenu la réconciliation et le pardon pour tous, mais tous ne peuvent jouir de cette réconciliation et de ce pardon, seulement les croyants.

Donc, les Arminiens enseignent que la rédemption est générale, mais pour en bénéficier il faut avoir la foi. Ils enseignent une rédemption universelle, mais le salut ne serait pas universel. Ils s’opposent ainsi au rachat limité comme nous le démontrerons. C’est très significatif de regarder les textes bibliques auxquels ils se réfèrent. Par ces références nous retrouvons l’erreur commune aux Arminiens d’employer le terme scripturaire «monde» comme étant l’équivalent de «chaque homme individuellement.»

 

De nouveau, la doctrine Réformée dans les Canons II, s’oppose donc à cette doctrine des Arminiens.

 

Si vous gardez ceci en mémoire, vous réaliserez que tout le sujet du rachat, tel que nous en débattons, est vraiment un sujet très simple. C’est littéralement Arminien d’enseigner que Christ est mort pour tous les hommes. Les Canons II, dans la première partie, se sont opposés à cet enseignement, et les Canons II, dans la deuxième partie, s’y sont opposés encore plus fortement. Les Arminiens ont même tenté de faire croire que les Confessions Réformées approuvaient cette doctrine. Ils ont fait appel aux confessions et spécialement aux Canons II, pour supporter la doctrine du rachat universel. Les Canons II n’auraient jamais été écrits si l’ascension de cette fausse doctrine du rachat universel n’avait pris autant d’envergure. Ce serait fallacieux d’essayer de maintenir la doctrine du rachat universel comme faisant partie de la foi Réformée. Le contenu des Canons supporte ce que nous vous avons dit de l’arrière plan historique et de la position fondamentale de la foi Réformée contre l’hérésie des Arminiens.

 

Regardons les éléments spécifiques mis de l’avant par nos confessions en regard au rachat.

 

J’attire votre attention sur un élément très important, celui de satisfaction. C’est le terme clé dans toutes nos confessions, et tout spécialement pour les Canons. Nous avons mis l’emphase sur ce terme à plusieurs reprises dans le Catéchisme d’Heidelberg. Les Canons cependant, débutent avec l’idée de satisfaction. Dans la dernière partie de l’Article I, déjà ils le mentionnent: «… on ne peut y échapper, à moins que la justice de Dieu soit satisfaite.»

 

Relié à satisfaction le rachat devient une manière de justice très stricte. Il n’y a pas de grâce, pas de miséricorde, non plus de bénédictions si nous ne faisons pas partie du plan de Dieu pour être justifiés. Dieu bénit celui qui est juste et Il châtie ou punit le méchant temporairement et éternellement. C’est le premier principe en rapport avec l’idée de satisfaction.

 

Voici le principe dont il est question dans l’Article I:

Dieu n’est pas seulement suprêmement miséricordieux, mais aussi suprêmement juste. Et sa justice exige (comme Il l’a lui-même révélé dans sa Parole) que nos péchés commis contre son infinie Majesté, doivent être punis, non seulement temporairement, mais par un châtiment éternel, de notre corps et de notre âme; auquel on ne peut échapper, à moins que la justice de Dieu soit satisfaite.

Alors en relation avec la justice de Dieu, le péché est synonyme de culpabilité. C’est une dette. C’est passible de châtiment. Et suivant la justice de Dieu, ce châtiment ne peut être exempté, l’homme ne peut retrouver la faveur de Dieu tant et aussi longtemps que la justice de Dieu n’est satisfaite. Cette satisfaction veut simplement dire «en faire assez, faire le paiement d’une certaine dette ou obligation, selon la demande de justice.» Par exemple, si on parle d’une dette de $1,000, une fois le montant remboursé, il y a pleine satisfaction et la dette a disparue. La dette n’existe plus. On en parle plus. C’est ça la satisfaction, et ce sont les effets de la satisfaction. Si la satisfaction pour la dette du péché est offerte à chaque homme, donc l’homme est délivré du péché et de la culpabilité. Du moment que la satisfaction est remplie, la dette disparaît pour toujours. Quand la justice de Dieu est satisfaite, la dette est enlevée pour toujours. Dieu lui-même, parce qu’Il est juste et droit, ne peut tenir l’homme responsable d’une dette pour laquelle Il a reçu pleine satisfaction. Maintenant, la question n’est pas de savoir pour qui la dette a été remise; nous répondrons à cette question plus tard. Peu importe qui est cet homme pour qui la satisfaction est faite, sa dette est disparue devant Dieu. Si la satisfaction s’adresse à tous les hommes, alors la dette de tous les hommes est enlevée. Peu importe qui est inclus dans la satisfaction, leur dette disparaît pour toujours. Voilà le sens de la satisfaction! On ne pourra jamais mettre trop d’emphase sur cet élément clé. C’est prudent de dire que tout le concept du rachat (Scripturaire ou confessionnel) se tient ou tombe avec cet élément clé fondamental.

 

En rapport avec tout ce qui précède, nous devons nous rappeler qu’il nous est impossible à nous-même de satisfaire à la justice de Dieu. Pas besoin d’entrer dans les détails à ce propos. C’est simplement le résultat de la nature pécheresse de l’homme, son état de perdition sans espoir. Nous retrouvons ici la doctrine de la Dépravation Totale. Non seulement ne pouvons-nous pas répondre à cette satisfaction, mais au contraire notre dette augmente sans arrêt. La satisfaction pouvait être faite seulement gratuitement, dans l’amour et l’obéissance, en prenant la responsabilité du châtiment du péché, en supportant les souffrances … l’agonie … jusqu’à la mort. Quand la colère de Dieu fut déversée sur un homme qui acceptait gratuitement et par amour d’en payer le prix … par amour pour la justice de Dieu, alors la satisfaction était complète. Tout ça a été accompli par le rachat qui devenait cette satisfaction que l’homme était incapable d’offrir pour lui-même. Voilà pourquoi Dieu a envoyé son Fils bien-aimé qui a subi le châtiment que l’on méritait.

 

Satisfaction, voilà ce que les Canons enseignent. Les premiers Articles le mentionnent à maintes reprises. Bien plus, si vous êtes familier avec le Catéchisme d’Heidelberg, vous réaliserez que le Catéchisme a toujours mis beaucoup d’emphase sur l’idée de satisfaction. De même, notre confession de Foi, dans les Articles 20-21, a-t-elle affirmé la même idée.

 

L’enseignement de nos Confessions est aussi celui des Écritures. Le terme satisfaction lui-même, n’est pas un terme scripturaire. Mais c’est l’idée principale de tous les termes scripturaires employés pour désigner ce qu’est la mort de Christ. Il en est ainsi pour le terme propitiation, dans Romains 3:25: «… que Dieu a d’avance destiné à être, par son propre sang, moyen de propitiation, grâce à la foi. Ainsi affirme-t-il sa justice en pardonnant les péchés commis jadis …» L’idée fondamentale de propitiation peut se traduire par satisfaction. La même chose est vraie du terme scripturaire rançon. Satisfaction est l’idée de base de rançon. Quand les Écritures disent dans Matthieu 20:28: «… le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.» En donnant sa vie Il a donné satisfaction. Il satisfait la juste demande de Celui qui a fixé le prix de la rançon. Réconciliation; terme que nous retrouvons dans II Cor. 5:19: «Car Dieu étant en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses … » Comme dans les deux termes précédents, le sens de satisfaction se retrouve. Comment cela est-il possible? Comment est-ce possible, que Dieu peut réconcilier le monde à Lui-même et ne plus tenir compte du péché en eux? Comment est-ce possible à la lumière de la justice de Dieu? La seule possibilité, c’est que le prix exigé par la justice de Dieu a été payé en entier. Satisfaction! Donc, tous les autres termes se référant au Rachat, comportent la même idée de satisfaction à la base.

 

Un deuxième élément important dans le Rachat c’est celui de substitution. La nécessité de substitution repose dans le fait que nous sommes incapables de donner satisfaction par nous-mêmes. C’est l’effet de notre dépravation totale. C’est la raison historique de la nécessité du Rachat. Nous sommes perdus sans espoir! Impossible de s’en sortir! Voilà pourquoi un substitut est nécessaire. Cette pensée est reprise dans l’Article 2 des Canons II:

Étant alors incapables par nous-mêmes de donner satisfaction, ou par nous-mêmes d’être délivrés de la colère de Dieu, il a plu à Dieu dans sa miséricorde infinie, de nous donner son Fils bien-aimé, qui est devenu péché et qui a pris le châtiment que nous méritions, et à notre place a satisfait à la justice de Dieu.

C’est la doctrine du rachat par substitution. Tout ça ne peut être déclaré plus simplement que les Canons ont su le faire. N’essayons pas d’améliorer le langage. C’est tellement simple. Notre Seigneur Jésus a pris la place de ceux pour qui Il devait mourir. Face à l’exigence de la justice de Dieu, Il représentait les hommes. Dans un sens légal, Il était devenu notre substitut. Voyez à quel point cette relation est précise. La satisfaction et la substitution, jumelées ensembles, donnent un résultat très précis. Par exemple, supposons qu’un client de la banque Old Kent décide de rembourser les hypothèques de milles autres clients de la banque; une relation précise s’établirait à l’égard de ces mille hommes et la dette de ces milles hommes serait payée mais non pas la dette de tous les autres propriétaires d’hypothèque de la banque Old Kent. La relation s’adresse à un groupe en particulier. Il en est de même avec la croix, avec le rachat de Christ. Quiconque est en Christ, quiconque est représenté par lui sur la croix, quelle que soit la grandeur ou l’énormité de son péché, sa dette est payée. Si tous les hommes étaient en Lui, alors la dette de tous les hommes disparaîtrait pour toujours. Quiconque est représenté par Lui, la dette n’existe plus. Dieu dans son jugement ne pourra et ne tiendra pas cet homme redevable. Sa dette a été payée.

 

Telle est l’idée de substitution dans le Rachat. Ce n’est pas seulement la doctrine de nos Confessions, c’est aussi ce que les Écritures enseignent en utilisant diverses expressions. Deux termes dans le Nouveau Testament expriment cette idée de substitution. Nous retrouvons le mot «pour» qui peut signifier «à la place de». Dans Romains 4:25: «… il a été livré pour nos fautes, et Dieu l’a ressuscité pour que nous soyons déclarés justes.» Plusieurs autres termes utilisés ont fondamentalement le même sens. Matthieu 20:28: «… et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.» Ça revient à dire «à notre place» «au compte de quelqu’un». Cette idée de «à notre place» ou «au compte de», est possible seulement parce que Christ satisfait «à notre place» ou «au compte de» ceux pour qui il est mort. C’est tellement bien exprimé dans la dernière partie des Canons II:2: «… celui qui était innocent de tout péché, Dieu l’a condamné comme un pécheur à notre place pour que, dans l’union avec Christ, nous soyons justes aux yeux de Dieu.» Ce ne sont que quelques exemples tirés des Écritures, dans lesquelles nous retrouvons le sens de substitution.

 

Le troisième élément sur le Rachat c’est sa valeur infinie. On ne doit pas calculer sa valeur avec des chiffres. Ici il n’est pas question de quantité mais de qualité, de valeur intrinsèque.

 

La vérité sur la valeur infinie du Rachat répond aux questions suivantes: comment la mort d’une personne peut-elle couvrir les péchés de plusieurs? Comment se fait-il que le Rachat de Christ ne s’applique pas juste pour une personne, mais pour plusieurs? Ou encore, comment le péché commis contre l’infinie Majesté de Dieu, qui méritait la colère infinie de Dieu et le châtiment éternel, comment ce péché peut-il être racheté dans un moment par les souffrances et la mort de notre Seigneur Jésus-Christ? Toute la colère infinie de Dieu a été concentrée à ce moment là, quand Jésus s’est écrié: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Cette valeur infinie répond à la question: comment pouvons-nous être retiré de notre état de perdition totale, pas simplement comme au paradis terrestre, mais comme recevant une justice éternelle que nous ne pourrons jamais perdre? Comment cette vie éternelle peut-elle devenir nôtre?

 

Voici la réponse: c’est parce que le Rachat a été accompli par le Fils de Dieu … le Dieu Infini et Éternel Lui-même dans une chair semblable à celle du péché, tout en étant parfaitement juste et saint; Jésus a apporté cette satisfaction.

 

C’est l’idée même exprimée dans l’Article 3 des Canons II: «… abondamment suffisant pour expier les péchés du monde entier.» Cette expression souvent débattue ne peut vouloir dire que Christ était mort pour tous les hommes. Ce serait adopter la doctrine Arminienne, ce que nos «pères» ont réfuté dans les Canons. L’Article 3 ne veut pas dire non plus que Christ a apporté satisfaction pour le monde entier. L’idée qu’on doit retenir, c’est que la mort de Christ est tellement précieuse, qu’elle aurait été suffisante pour le monde entier. Si Dieu avait voulu sauver le monde entier (tête par tête, âme par âme), aucun autre sacrifice n’était nécessaire. Comme un théologien l’a si bien écrit pour le Synode de Dordrecht, la mort de Christ était suffisante en elle-même pour le monde entier et même pour des milliers d’autres mondes. La mort du Fils de Dieu est d’une valeur infinie: il n’y a pas de limite à sa valeur intrinsèque.

 

Finalement, parlons maintenant de l’efficacité du rachat. Le rachat est efficace. Cet élément ne doit pas être séparé du rachat. Le terme efficace amplifie la réalité, l’actualité, le fait accompli des éléments précédents. Regardons ensemble ce que les Canons II dans l’Article 8 en disent:

Dans le conseil souverain et dans le plan merveilleux de Dieu le Père, la mort précieuse de son Fils, accordait un salut efficace à tous les élus, leur conférant le don de la foi qui justifie et leur donnant infailliblement le salut. C’était la volonté de Dieu, que par son sang versé à la croix, Jésus-Christ confirmait cette nouvelle alliance, que le salut s’adressait à tout peuple, toute tribu, toute nation et toute langue, à tous ceux mais à ceux-là seulement qui avaient été choisis de toute éternité pour être sauvés; ils étaient donnés au Fils par le Père. Par sa mort, Jésus leur avait imputé la foi (un don de l’Esprit), les avait délivré de leurs péchés, (originel et actuel) commis avant ou après avoir cru, les gardant fidèles jusqu’à la fin, afin qu’ils paraissent sans tache et sans reproche, pour jouir de Sa glorieuse présence éternellement.

L’Article 8 ne parle pas de grâce efficace ou de l’appel efficace. Ce sujet est discuté par les Canons III:5. Le terme sur lequel nous attirons votre attention c’est l’efficacité, la puissance d’accomplissement associée à la mort de Christ. Une telle efficacité est sous-entendue dans le rachat. En réalité, quand les éléments de satisfaction, de substitution et de valeur infinie sont inclus dans le rachat, il n’y aurait nul besoin de rajouter le terme «efficacité». Les trois éléments mentionnés ont la même signification. Mais parce que les Arméniens ont parlé de satisfaction et substitution sans pour autant parler d’efficacité, il était devenu nécessaire à nos «pères» de la Réforme de dire: «Oui, mais la mort de Christ est efficace.» Tout comme avec l’expression «dépravation» nous savons que la dépravation est toujours totale. Ça n’existe pas un homme à moitié pourri. Mais parce que quelques-uns ont parlé de dépravation partielle, il est devenu nécessaire pour les Réformés de rajouter le mot «totale» à dépravation. Il en est de même pour le «rachat efficace». On ne peut concevoir un rachat «inefficace» ce serait une contradiction. Le mot rachat veut dire «racheté» pour tous ceux pour lesquels Christ s’est substitué. Christ est mort et a racheté tous ceux qui étaient en Lui (il y a 2000 ans quand Il est mort). Voilà ce que la mort de Christ a accompli pour eux. Ils sont délivrés de leur culpabilité. La justice et la vie éternelle leur appartiennent pour toujours. Leur droit à toutes les bénédictions du salut a été établi pour toujours à la croix.

 

Notons que nos «pères», dans l’Article 8 des Canons II, ont délibérément mis une double emphase sur l’élément crucial dans l’efficacité de la mort de Christ (l’efficacité et la puissance de la mort de Christ). C'est-à-dire que Christ a acheté (ou obtenu) pour ses élus, la foi. Le rachat ne veut pas dire que Christ nous donne la justice et la vie éternelle ainsi que toutes les autres bénédictions qui se rattachent au salut et que maintenant Il nous dit dans l’Évangile: «Le salut est ici, mais ça dépend de votre décision d’y croire.» Pas du tout! Christ nous a obtenue la foi. Par ce don de la foi, Il garantie que tous ceux pour qui Il est mort vont croire et auront droit personnellement et consciencieusement à tous les bienfaits du salut obtenus par Sa mort.

 

Alors donc, selon l’Article 8, la présente application de toutes les bénédictions du salut (faisant partie du plan souverain de Dieu) au moyen duquel Moi et tous les enfants de Dieu en viennent à prendre conscience de la possession du salut, cette application est basée et garantie par le rachat. Toutes ces bénédictions ont été une fois pour toute, achetées, méritées, obtenues sur la croix; elles appartiennent à Christ et à tous ceux qui étaient en Christ à la croix. Tous les saints qui sont morts avant, les saints de l’ancienne alliance, ils étaient en Christ à la croix. Tous les élus qui ont vécu au temps de Christ sur terre, conscients d’être des enfants de Dieu, ou pas encore convertis, ils étaient en Christ à la croix. Tous les enfants de Dieu qui n’étaient pas encore nés à ce moment là, ou qui ne sont pas encore nés aujourd’hui, ils étaient en Christ à la croix. Jésus avait pris leur place, Il les représentait; et pour eux tous Il achetait (obtenait) toutes les bénédictions du salut. Voilà ce que l’Article 8 enseigne! Quelle grâce extraordinaire! Tout le Conseil Souverain avait pris naissance dans le Décret Éternel de Dieu le Père, afin que la mort si précieuse de son Fils Jésus, s’étende à tous les Élus, leur accordant la foi justificatrice qui conduit infailliblement au salut. C’était la volonté de Dieu, que Christ par son sang versé à la croix (moyen par lequel Il confirmait la nouvelle alliance), Il rachetait effectivement ceux de chaque peuple, tribu, nation et langue, tous ceux qui de toute éternité avaient été choisis pour être sauvés et être donnés à Christ par Dieu le Père. La foi et tous les autres dons du Saint-Esprit leurs étaient accordés par la mort de Jésus, les lavant de tous péchés (passés, présents et futurs), les rendant sans tache et sans reproche pour jouir de Sa présence pour toujours.

 

C’est la vérité grandiose du rachat efficace. Vérité reconnue par nos «pères» en lien avec l’application et la réalisation du salut jusqu’à la gloire finale.

 

 

II. La Nature Limitée Du Rachat

 

On ne doit pas se surprendre que cet Article des Canons soutienne aussi que le rachat est limité. Ça devient évident par les mots qui suivent: «… à ceux, à ceux seulement qui étaient choisis de toute éternité …»

 

Le rachat limité ne peut être séparé de la vérité du rachat efficace. Si le rachat veut dire satisfaction dans le vrai sens du mot, si le rachat devient satisfaction par substitution dans le vrai sens du terme, si par conséquent le rachat est efficace pour ceux qui y sont inclus afin que leur dette soit enlevée et qu’ils puissent mériter la justice et la vie éternelle, ayant été objectivement rachetés, réconciliés, il seront certainement sauvés. À la lumière de ces propos il est facile de voir que le rachat est limité. Ceux inclus dans le rachat sont sûrement sauvés. Mais tous les hommes ne sont pas sauvés.Tous les hommes ne sont pas inclus dans le rachat.

 

Qui donc sont inclus dans le rachat?

 

La réponse c’est que Christ est mort pour les Élus, pour ceux que Dieu a choisis de toute éternité et souverainement, lesquels Il a donné à Christ. Dieu a élu une église, et chaque membre individuel de cette église. Cette église entière avec tous ses membres individuels ont été donnés à Christ. Jésus est devenu la tête représentative de toute l’église. Face au jugement de Dieu, Christ à la croix, prend la place de tous ceux qui font partie de l’église, seulement ceux qui en font partie.

 

C’est la vérité du rachat limité (que vous pouvez désigner par précis, défini ou particulier). Cette doctrine est simple. Il y a rachat, par conséquent l’enlèvement de la culpabilité, le pardon des péchés, la justification et tous les bienfaits du salut et de la vie éternelle pour les Élus seulement dans la croix. Pour tout le reste, pour les dépravés, il n’y rien de positif, il n’y a aucun bienfait, dans cette croix. Christ n’est pas mort pour eux; Il ne les a pas représentés et Il n’a pas pris leur place!

 

Bien plus, on devrait porter attention au fait que le rachat particulier est personnel. La mort de Christ n’est pas un évènement vague et imprécis. Christ n’est pas mort pour un certain nombre d’hommes, leur procurant le salut, sans savoir qui en profiterait. Christ est mort pour les Élus, pour chacun d’eux personnellement. Dieu les a choisis. Il les a choisis individuellement. De toute éternité Il les appelle par leur nom. Et tous ces Élus, Dieu les avait donnés à Christ personnellement. Christ les connaissait alors même qu’ils Lui avaient été donnés par Dieu de toute éternité. Il a donné sa vie pour eux, pour eux tous, pour chacun d’eux et pour eux seulement. Tous les Élus et seulement les Élus étaient vraiment en Christ à la croix il y a 2000 ans.

 

Donc, la croix est la révélation de l’amour souverain de Dieu: «Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’Il nous a aimé et envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés» (I Jean 4:10).

 

Telle est la doctrine des Confessions. C’est exactement la doctrine des Canons II:8. La même vérité concernant l’élection est déjà enseignée dans les Canons I:7. Mais cette vérité est aussi reconnue à travers nos Confessions. Quand vous voyez le terme «nous» dans le Catéchisme d’Heidelberg et la Confession de la Foi en lien avec la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ (mort rédemptrice), n’oubliez pas que du point de vue objectif le «nous» ne veut pas dire tous les hommes, mais les élus. Cette expression ne doit pas être comprise autrement. Comme dans le Catéchisme et les Confessions, ainsi en est-il pour les Canons, de conserver le même point de vue objectif quant à l’exclusivité des élus. Plusieurs passages des Écritures confirment cette vérité.

 

Concentrons-nous un moment sur ce beau texte dans Jean 10:14-15. Pour bien rendre le texte nous avons utilisé la Version Révisée Américaine: «Moi, je suis le bon berger; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, tout comme le Père me connaît et que je connais le Père. Je donne ma vie pour mes brebis.»

 

Qui sont les brebis mentionnées dans ce verset pour lesquelles Christ est mort? Ce sont ceux donnés par le Père à Christ … les Élus. C’est tout simplement ce que dit le verset. Dans le verset 29, à propos de ces brebis, il est dit: «Mon Père qui me les a données est plus grand que tous.» C’est renforcé par le contraste du verset 26, quand Jésus dit aux Juifs non croyants qui s’opposent à lui: «Mais vous ne croyez pas parce que vous ne faites pas partie de mes brebis.» N’inversez pas la phrase! Le texte ne dit pas: «… vous ne faites pas partie de mes brebis parce que vous ne croyez pas.» Au contraire le texte dit: «… vous ne croyez pas parce que vous ne faites pas partie de mes brebis

 

Nous pouvons comprendre que le terme «brebis» est exclusif. Plusieurs ont argumenté que le passage Jean 10:14-15 ne veut pas dire que Jésus a racheté seulement ses brebis. L’argument est pauvre. Les théologiens de Dordrecht ont dit que ce texte ne fait pas de sens si ça ne veut pas dire «exclusivement ses brebis.» Pourquoi Jésus dirait-il qu’il est mort pour ses brebis, s’Il était mort pour tous les hommes? Le verset désire spécifier celles qui sont ses brebis, et celles qui ne le sont pas. L’origine de cette différence se trouve dans la prédestination de Dieu.

 

Remarquez que dans ce passage il n’est pas question d’une froide doctrine d’élection. Au contraire, nous reconnaissons le divin amour, brûlant de toute éternité … «je connais les miens». Christ connaissait l’église toute entière et chaque membre de cette église quand Il donna sa vie pour eux! Adam était en Lui. Abel était en Lui. Noé était en Lui. Abraham, Isaac et Jacob et tous les enfants de Dieu sous l’ancienne alliance, ils étaient en Lui à la croix. Jésus les connaissait individuellement, de toute éternité. L’apôtre Paul était en Lui, même avant d’être converti. C’est pourquoi l’apôtre Paul peut parler de l’aspect personnel du rachat particulier dans les texte bien connu de Galates 2:20: «J’ai été crucifié avec Christ; et si je vis ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi.» Il nous parle ici de quelque chose qui a pris place à la croix en l’an 33 A.D. Christ l’aimait déjà et donnait sa vie pour lui. Même si Paul ne le connaissait pas encore, Christ l’aimait et donnait sa vie pour lui. Il en est de même pour nous qui sommes des enfants de Dieu. C’est pourquoi nous pouvons faire cette confession de foi personnelle «Christ est mort pour moi». Ceci est basé sur un fait objectif. Ce n’est pas devenu vrai seulement quand j’ai cru à Jésus; il en était ainsi de toute éternité selon le conseil de Dieu. C’est ainsi depuis la mort de Christ à la croix. Et par cette réalité objective, «vous et moi», quand nous venons, par la foi en union avec Christ, nous pouvons dire: «Christ est mort pour moi».

 

Bref, voilà la vérité du rachat limité, qui est un rachat précis et personnel.

 

Vous trouverez plusieurs autres passages des Écritures qui enseignent la même vérité. Laissez-moi vous énumérer quelques passages qui enseignent très clairement que le rachat de Christ était précisément pour les Élus. Ésaïe 53:10 parle d’une postérité que Christ verra après avoir donné sa vie en sacrifice pour le péché. La prière sacerdotale de Jésus dans Jean 17 nous rapporte ces paroles: «J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde … C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés parce qu’ils sont à toi. Et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi; et je suis glorifié en eux … Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité. Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole … Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde» (Jean 17:6, 9-10, 19-20, 24). Dans Actes 20:28, c’est l’église du Seigneur «qu’il s’est acquise par son propre sang.» Dans Romains 8:32 quand nous lisons que Dieu «n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous,» ce «nous tous» signifiant les Élus dans ce contexte. Les versets suivants le disent bien: «Qui accusera les élus de Dieu? C’est Dieu qui justifie! Qui les condamnera? Christ est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous!» Et finalement nous lisons dans Éphésiens 1:7 «En lui nous avons la rédemption par son sang, le rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce …» Dans quel contexte trouvons-nous ces paroles? C’est un contexte qui parle très simplement du plan de Dieu qui nous prédestinait avant la fondation du monde à devenir ses enfants. La prédestination est la source de toutes les bénédictions rattachées au salut, incluant la rédemption par son sang (Éph. 1:3-12).

 

Un dernier point doit être ajouté à ce qui précède. Quand les Écritures parle du «monde» et de «tous les hommes» en lien avec la mort rédemptrice de notre Seigneur Jésus-Christ, ça ne peut et ça ne doit pas aller à l’encontre de l’enseignement scripturaire à propos du rachat limité ou défini. Étudier tous les passages dans lesquels nous retrouvons ces termes nous mènerait trop loin. Mais il y a deux observations que je désire apporter. La première, si ces passages qui parlent du «monde» et de «tous les hommes» sont présentés comme voulant dire «chaque homme individuellement» et si on attribue au rachat le sens complet de satisfaction actuelle pour les péchés et de substitution, alors on est allé trop loin. Ça conduirait nécessairement à l’universalisme, la doctrine qui dit que tous les hommes sont sauvés. Si cette dernière idée est rejetée, alors nous devrons accepter que nous sommes en train de nier la justice de Dieu: parce que si Christ donne satisfaction pour tous les hommes et que tous les hommes ne sont pas sauvés, alors ce serait dire que Dieu n’agit pas avec justice. Laissez-moi rajouter qu’aucune de ces théories n’est acceptable à la lumière des Écritures. Ma deuxième observation c’est que tous les passages qui parlent du «monde» et de «tous les hommes» ont besoin d’être interprétés en harmonie avec ce que les Écritures enseignent; que le rachat de Christ est pour les élus seulement. Si ce n’est pas fait ainsi, alors l’idée que les Écritures se contredisent doit être acceptée; et bien sûr cette idée est inacceptable.

 

On a souvent tenté par le passé et encore aujourd’hui de trouver ou de dire des choses positives à propos du salut et à propos de l’amour de Dieu, tout en essayant d’être agréable envers ceux qui n’étaient pas en Christ à la croix ou en démontrant du respect aux perdus. Cette attitude ne se retrouve pas dans le cercle des Réformés ou dans la pensée des Canons II en regard avec la doctrine du rachat. Toutefois, ce comportement se retrouve souvent dans les prédications. Il y a une forte tendance à dire des choses positives et de présenter positivement la Rédemption de Christ en prêchant un Évangile universel. C’est ce qui nous amène à discuter des écrits du professeur H. Dekker. La question soulevée est: «Quel évangile doit être enseigné sur le champ missionnaire»? Du point de vue des Réformés, le professeur Dekker était cohérent; il voyait que si tu désirais être général dans la prédication, tu devais reculer d’un pas, et être général aussi en ce qui concerne la Rédemption de Christ. C’était cohérent mais conséquemment mal! Cette tendance se généralise. Nous la retrouvons chez les prédicateurs. Ils croient en un rachat «général» et c’est ainsi qu’ils enseignent. Il y a cette même tendance parmi la communauté Réformée. Dans leur prédication, le sujet de la mort de Christ demeure vague et indéfini. Ils disent simplement «Christ est mort pour les pécheurs». Cette affirmation est véritable, mais ne rien dire d’autre en fait une demi-vérité. Et une demi-vérité est un subterfuge! Le comité qui a étudié le «Cas Dekker» et d’autres aussi, ont parlé des bienfaits de la mort de Christ «non efficaces au salut» pour certains. Comment est-ce possible, je ne le sais pas! Christ est mort pour les Élus seulement, et les bienfaits de la mort de Christ seront pour tous ceux pour qui Christ est mort, mais non pour les autres. Comme c’est simple! D’autres, sans définir clairement, parlent aussi de cette offre universelle de salut. Au sujet des Canons, dans les écrits de La Bannière en date du 24 février 1967, j’ai lu que nous devons dire quand on enseigne, que Christ désire le salut de tous les hommes et que Dieu ne désire pas la mort d’aucun, mais le salut pour tous.

 

C’est facile de comprendre que ça soulevait des difficultés. Pas nécessairement dans la doctrine du rachat comme tel; mais quand l’image du rachat, dans la prédication, devient soudainement général (ou universel) d’une façon ou d’une autre. Tout ceci avait pris naissance dans le 1er Point de 1924 avec l’offre bien intentionnée d’un évangile général (universel) comme l’évidence de ce qu’on appelle, la grâce commune. Tous l’avaient reconnu bien sûr, surtout par le fait qu’à cette époque, personne n’avait jamais écrit ou dit quoi que ce soit concernant le Cas Dekker sans revenir à 1924. Voilà exactement ce qui a amené le Prof. Dekker et les autres à cette idée d’un rachat universel. Néanmoins, ceux qui ont critiqué la position du Prof. Dekker ne furent jamais consentants à embrasser sans réserve la doctrine du rachat limité et la suivre avec consistance, mais ils ont insisté à maintenir un élément général et universel dans le contenu des prédications.

 

Si vous regardez à cette tentative sous l’angle de la doctrine Réformée du rachat limité, alors cette tentative est impossible. L’évangile qu’on doit prêcher, c’est l’évangile de la croix, l’évangile de Christ crucifié. Les Canons et les Écritures le disent. L’apôtre Paul dit: «Nous prêchons Christ crucifié» (I Cor. 1:23). Il dit: «Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ crucifié» (I Cor. 2:2). À la lumière de ce que nous avons dit, ça veut dire que, Christ crucifié est Christ crucifié pour les Élus, peu importe de quelle façon vous décrivez ces élus dans la prédication, que ce soit historiquement comme croyants, comme repentants, comme ayant faim ou ayant soif etc. … Christ a été crucifié pour les élus. Si je dis simplement que «Christ est mort pour les pécheurs», alors je ne dis pas la vérité. Et certainement que je ne présente pas l’évangile de Christ crucifié quand je dis: «Christ est mort pour tous les hommes.» Si la croix est la révélation du désir de Dieu, du plan de Dieu, de la volonté de Dieu, je ne dis pas la vérité sur l’évangile de Christ crucifié quand je dis: «Dieu désire le salut de tous les hommes.» Ce n’est pas le cas, Dieu ne désire pas le salut de tous. La croix nous révèle très simplement que Son plan, Son désir, Sa volonté et Son Conseil sont destinés aux élus «seulement».

 

Souvent la liaison entre la mort de Christ pour les élus «seulement» et le «supposé» désir de Dieu de sauver tous les hommes est présentée comme un mystère. Si vous dites que Christ est mort pour les élus, et pour eux seulement, et que Dieu désire le salut de tous les hommes, ce n’est pas un mystère, c’est tout simplement une contradiction. C’est impossible. Car dans la croix, tout ce qui est positif; salut … bienfait … amour … etc. … ne s’adresse qu’aux élus seulement. La croix nous révèle le plan de Dieu pour le salut. Si par la prédication, la possibilité du salut prend un sens plus large que celui que la croix lui donne, alors c’est nier le rachat particulier. L’évangile, c’est la Bonne Nouvelle de Dieu concernant la promesse; de faire connaître aux héritiers de la promesse (les élus), le salut!

 

C’est le coté positif de la croix et du rachat.

 

Mais l’autre coté de la médaille, c’est que la croix représente aussi le jugement. Le jugement autant que le salut! La colère autant que la faveur était révélée dans la croix et proclamée par l’Évangile de Christ crucifié. En effet, il n’y a rien de positif à la croix pour les perdus. Mais ça ne veut pas dire que c’est sans signification pour eux. La colère de Dieu est révélée à la croix, autant que l’amour de Dieu.

 

En pensant à la mort qu’Il allait subir, notre Seigneur Jésus-Christ pouvait dire les paroles suivantes dans Jean 12:31: «Maintenant a lieu le jugement de ce monde; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors.» Notre Seigneur Jésus l’avait répété clairement qu’il était venu pour un jugement (Jean 9:39 et Matthieu 21:21-43, etc.), mais nous devons nous rappeler que la première venue du Seigneur appartient au «Grand Jour du Seigneur» dont les prophètes ont parlé souvent, le reliant au jugement de Dieu: «déjà la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu» (Matthieu 3:10). L’apôtre Paul réfère au même élément de jugement de la croix dans Colossiens 2:14-15: «il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l’a détruit en le clouant à la croix; il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix.»

 

Laissez-moi, brièvement, vous donner un aperçu de cette idée.

 

À la croix il y avait un procès. Ce n’était pas juste le procès de Jésus. C’était le procès du monde par Dieu. Le monde en dehors de Christ, le monde des hommes pécheurs, le monde dans leur état de péché et de culpabilité, le monde des hommes tels qu’ils sont dans la présente création avec leurs moyens de subsistance de développement et de «culture»; ce monde était en procès. Le monde entier des hommes, tels qu’ils sont en Adam, par nature, ensemble avec le prince de ce monde, le diable, et tous les anges déchus, les principautés et les puissances, le monde entier, notre monde (séparé de Christ) en alliance et sous la domination morale du prince des ténèbres … tous ce monde en procès devant Dieu le Grand Juge. Dieu les a convoqués là. Il contrôle les évènements entourant les souffrances et la mort de Christ. En dépit des mains meurtrières, rappelez-vous que Christ est allé à la croix, selon le Conseil et la Prescience de Dieu.

 

Le monde au complet sous tous ses aspects était en procès. Le monde était bien représenté … par l’apôtre Judas … la religion par le Sanhédrin … la société par la multitude … la sagesse et la justice ainsi que la puissance politique et militaire par le régime Gréco-Romain.

 

La raison de ce procès était de les exposer publiquement en spectacle (Colossiens 2:15). Ils portaient un masque de justice, de sagesse, de religion et de jurisprudence (Romains 10:3). Ils ne pouvaient aller en enfer avec un masque. Ce masque a été enlevé par Dieu. Dieu a accompli cela en Se tenant devant «eux» dans la personne de Jésus-Christ fait homme, sans puissance, et en les confrontant avec cette question: Que ferez-vous de Dieu? Que ferez-vous de Dieu, s’il se tient devant vous comme un simple homme, un homme sans épée, un homme sans armée, un homme sans défense aucune, sinon la défense de la justice, un homme qui ne combattra pas contre vous … «Il n’a point ouvert la bouche.» Que ferez-vous de Dieu?

 

Ils étaient interpellés à répondre à cette question. Ils ont essayé de se défiler. Par exemple, Pilate a tenté de différentes manières de ne pas répondre à cette question cruciale. Mais le juge du ciel et de la terre insistait: Donnez une réponse!

 

Et ils ont répondu: Nous le tuerons! Nous le crucifierons à la croix!

 

À la croix le verdict du juge du ciel et de la terre a été rendu et exécuté. Quand le procès fut terminé, Dieu a répandu le fiel de sa colère. Seule la Parole (l’Agneau de Dieu) fut trouvée digne de subir la colère de Dieu; et l’exécution a suivi au Golgotha, «dans la croix, dans les ténèbres, dans la réalité effrayante d’être abandonné par Dieu.» Christ était au centre de tout ça. Christ représentant les Siens, Christ représentant les élus de Dieu, Il était au centre du déversement terrible du jugement et de la colère de Dieu. Et tout le fiel de la colère de Dieu était concentré dans une «heure» … «l’heure» de jugement. Et Dieu était là, à la place de tous ceux qui étaient élus, portant Sa propre colère dans un corps comme le nôtre.

 

Quels furent les résultats?

 

Le monde lui-même, le monde séparé de Christ, était condamné! Voilà ce que la croix révèle aussi. Le voile est déchiré: Dieu quitte le temple et Israël est abandonné. La terre tremble, les pierres se séparent, signifiant que ce monde doit disparaître. C’est même évident à travers les deux voleurs à la croix: seulement un a été sauvé, couvert par la croix de Christ.

 

Mais tous ceux couverts par l’amour de Dieu, par l’élection de Dieu, ceux-là sont justifiés.

 

Le jugement est passé. Le dernier jour, le jour de la révélation du jugement de Dieu, révèle la condamnation du monde en lui-même, et la justification du monde en Christ.

 

À cette fin l’église doit prêcher l’Évangile de la grâce souveraine révélée dans Christ crucifié. À cette fin, l’église doit prêcher l’Évangile de Christ crucifié: une pierre d’achoppement pour les Juifs, une folie pour les Grecs (pour l’homme naturel, qu’il soit Juif ou Grec, la puissance de la condamnation de Dieu); mais à ceux qui sont appelés ou élus, autant Juif que Grec, la puissance et la sagesse de Dieu en Christ.

 

L’aspect négatif de la croix et l’aspect négatif de l’évangile sont pour la plupart, oubliés ou mis de coté. L’église ne désire pas être obéissante à demeurer fidèle à son appel de prêcher un évangile négatif autant qu’un évangile positif. L’église ne prêche plus Christ crucifié comme étant la puissance de Dieu, comme étant vraiment Dieu. L’église préfère prêcher un Christ et un salut, qui dépend de la volonté et du choix du pécheur.

 

 

III. L’importance de Garder Cette Vérité

Cette vérité précieuse doit être gardée. Elle doit être gardée en ce qui concerne le rachat, et elle doit être gardée en ce qui concerne l’aspect négatif de la croix.

 

C’est important pour nous, en premier lieu, comme croyants individuels.

 

À se rappeler: un Christ pour «tous» est en réalité, un Christ pour «personne». Vous devez choisir entre un rachat général, qui en fait n’est pas un rachat, et un rachat limité qui est réel et efficace. Après tout, si le rachat de Christ est pour tous les hommes, alors tous les hommes doivent être sauvés. Même les Arminiens qui soutiennent un rachat général, savent très bien que tous les hommes ne sont pas sauvés. D’où ce discours qu’ils tiennent en disant: Christ est mort pour tous, mais tous les hommes ne sont pas justifiés et sauvés. Quel en est le résultat? C’est que le rachat de Christ était inefficace. Je ne peux être assuré du rachat d’aucun homme, même pas le mien. Ainsi le croyant est privé de la certitude du rachat dans la mort à la croix.

 

En deuxième, c’est important pour l’église et la proclamation de l’évangile. Je suis bien conscient que c’est un peu «étrange» de souligner ça aujourd’hui. De proclamer un Christ pour «tous» et l’amour de Dieu pour «tous» semblerait si humain et un son si doux à entendre. Et c’est devenu si populaire. On prétend qu’il est impossible de prêcher et de faire l’œuvre missionnaire sans un évangile général et un salut général. Au fond, cependant, le problème est, que les hommes ne veulent pas mettre leur confiance en la croix qui est la puissance de Dieu! Ils ne croient pas non plus que Dieu utilisera sûrement la proclamation générale d’une promesse particulière pour rassembler et sauver Son église élue.

 

Mais rappelez-vous que la portée de l’évangile ne peut être plus large que la satisfaction et la justification objective de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. Si vous tenez à une offre bien intentionnée et générale, vous devez si vous êtes cohérent, embrasser la doctrine du rachat universel.

 

La preuve, vous en êtes témoin, est déjà ici.

 

Ainsi donc, nous devons demeurer à cent pour cent dans la vérité de nos confessions Réformées, avec respect pour le rachat et la prédication. Et si nous nous sommes éloignés de tout ça, nous devons y revenir et abandonner ce qui est faux.

 

Que Dieu éclaire vos cœurs et le mien, pour sa plus grande gloire.

 

La Grâce Irrésistible

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