Herman Hanko
Dans ce chapitre, il sera question de la doctrine de la «Dépravation Totale». Cette doctrine est l’un des cinq points du Calvinisme, et je pense qu’il serait approprié de donner un bref aperçu historique de ces cinq points.
Nous nous retrouvons au moment de la controverse Arminienne du 16ième et 17ième siècle. Un homme du nom de Jacob Arminius commença à enseigner dans les églises Réformées des Pays-Bas, des doctrines contraires à la Foi Réformée et aux Écritures. Au début de 17ième siècle, en 1610 pour être exact, ses partisans qui faisaient partie des Remontrants, avaient établi cinq points de doctrine dans lesquels ils exprimaient leurs points de vue. Ils présentèrent ce document aux églises Réformées des Pays-Bas, dans l’espérance qu’il serait approuvé et adopté.
Ce ne fut qu’à l’automne 1618, que le Synode Général des Églises Réformées fut appelé à considérer ce document présenté par les Arminiens. À ce Synode étaient présents, non seulement les délégués des Églises Réformées des Pays-Bas, mais les délégués des Églises Réformées de tout le continent d’Europe. Après une étude sérieuse, ces cinq points des Arminiens furent considérés contraires aux Écritures et furent rejetés. Mais en réponse à ce document, nos Pères, au Grand Synode de Dordrecht, présentèrent cinq doctrines; lesquelles, ils considéraient comme la réponse Scripturaire et Confessionnelle à la position des Arminiens. Ces cinq points ont été mis dans les cinq Canons de Dort et, par la suite, ont été reconnus comme les Cinq Points du Calvinisme.
Le fait que ces doctrines furent appelées les cinq points du Calvinisme, prouvent que nos Pères à Dordrecht ne considéraient pas en être les auteurs. À ce Synode, il a été établi qu’ils n’avaient aucune intention de développer une doctrine. Ils ont toujours maintenu la position, que les Arminiens avaient mis de l’avant des doctrines qui étaient contraires à la foi historique. Et en réponse aux Arminiens, ils voulaient réitérer la position des Églises Réformées depuis le temps de la Réforme de Calvin.
En réalité, nos Pères à Dordrecht savaient très bien que les vérités appuyées par les Canons, remontaient encore plus loin que la Réforme de Calvin; elle pouvaient être retracées jusqu’à la théologie d’augustin, qui avait vécu mille ans avant que Calvin débute son œuvre à Genève. C’était Augustin qui avait originalement défini ces vérités. À maintes reprises, Calvin rendait hommage au travail d’Augustin, en affirmant que ce qu’il disait avait été dit auparavant par l’Évêque de Hippo. Le Synode de Dordrecht était conscient de tout cela.
C’était important de le préciser, parce que nous devons comprendre que la vérité de la Dépravation Totale, n’est pas une nouvelle doctrine. Elle a une longue histoire. Elle a été la confession de l’église depuis le 5ième siècle après Christ. Après avoir formulé ces vérités, les Pères à Dordrecht ont noté en conclusion dans les Canons. La déposition suivante:
Le Synode a jugé que cette doctrine est vraiment tirée de la Parole de Dieu et agréée par les Confessions des Églises Réformées.
Cela veut dire que la vérité sur la Dépravation Totale, qui était confessée depuis longtemps dans l’église de Jésus-Christ, faisait partie des confessions de l’église parce que l’église a toujours cru que cette vérité était fondée sur la Parole de Dieu. Si souvent, il arrive que ceux qui ont de sérieuses objections à propos de la vérité de la Dépravation Totale, émettent ces remarques, non sur la base de la Parole de Dieu, mais sur la base d’observations personnelles. En regardant autour d’eux parmi les hommes, ils remarquent qu’il se trouve apparemment beaucoup de bien accompli par les hommes, sans la puissance de la grâce souveraine. Et basées sur ces observations, ils en viennent à certaines conclusions qui nient la vérité de la Dépravation Totale.
Nous devons mettre l’emphase, que cette vérité ne doit pas être formulée sur la base de nos observations personnelles. Mais plutôt, cette vérité doit être basée sur la Parole de Dieu seulement. En d’autres mots nous devons nous incliner devant l’autorité infaillible et souveraine des Écritures. Nous devons écouter les sentences que Dieu prononce sur les hommes et sur nous-même. Écoutons ce que Dieu a à dire concernant notre dépravation; alors nous découvrirons la vérité concernant le genre humain en général et nous-même en particulier.
Trois sujets seront pris en considération, reliés à la Dépravation Totale.
Avant d’entrer en discussion sur le sens de la Dépravation Totale tel que décrit dans les Écritures, c’est important de survoler brièvement l’histoire depuis l’époque de St Augustin jusqu’à l’époque du Synode de Dort. Cette histoire nous réserve peut-être des surprises.
Ce sont les enseignements, d’un certain Pélage, qui sont apparus à Rome au début du 5ième siècle, qui donna à Augustin l’occasion de formuler la vérité de la Dépravation Totale. Pélage avait commencé à enseigner des vues qui étaient totalement en désaccord avec les Écritures. Il enseignait que chaque enfant né dans ce monde, naissait bon et sans péché. De plus, il insistait que chaque enfant était aussi bon qu’Adam lors de sa création par Dieu, avant de manger du fruit défendu. Si vous aviez demandé à Pélage: «Quelle est la raison du péché dans le monde?» Il aurait répondu: «C’est déterminé par la possibilité de l’homme de choisir ce qui est bien ou ce qui est mal.» Pélage disait que la nature de l’homme était inclinée au bien. En fait, il y avait eu, selon lui, dans l’histoire du monde, des hommes qui avaient vécu leur vie entière sans commettre de péchés. Mais certains hommes avaient péché. Ils avaient péché, du au fait qu’ils choisissaient les mauvaises habitudes de leurs amis. Du point de vue de Pélage, le péché est une habitude. Comme il est vrai pour toute habitude, ainsi en est-il pour le péché; plus un homme pratique un péché en particulier, plus les racines de cette habitude seront profondes dans sa nature. Néanmoins, d’après Pélage, le péché n’est pas autre chose qu’une habitude. Si le péché est strictement une habitude, alors la solution à ce problème est donc de briser cette habitude. Rien de plus. Dans cet ordre de pensée, Pélage insiste sur le fait que nous n’avons pas besoin de salut, ni de grâce et encore moins de la Grâce Souveraine. Tout ce que l’homme doit faire s’il veut briser cette habitude de pécher, c’est de prendre une ferme résolution. Par le choix de sa propre volonté, il parviendra à ne plus pécher.
Augustin s’est élevé haut et fort contre ces vues antiscripturaires. Augustin lui-même savait mieux. Il savait que dans sa propre vie, il avait expérimenté quelque chose de bien différent. Au début de sa vie, Augustin était immoral et très mauvais. Il avait commis beaucoup de péchés. D’après son expérience personnelle, il savait que le péché était plus qu’une simple habitude. C’était une force vicieuse, destructive et très puissante dans la nature même de l’homme. Il avait appris, par la Grâce et la Miséricorde de Dieu, qu’il ne cessait d’exalter, que la seule possibilité d’être libéré du péché se trouvait dans la puissance de la Grâce Souveraine.
Ses convictions étaient basées sur la vérité des Écritures. Il insistait, que si Adam avait été créé par Dieu, parfait et droit, néanmoins, la chute avait apporté des conséquences sur Adam et sa postérité … des conséquences tellement grave que l’homme était devenu incapable de faire le bien quel qu’il soit. Augustin insistait tellement sur ce point, qu’il avait même inclus dans sa condamnation, les bonnes œuvres apparentes des païens, des philosophes tels que Socrate, Platon et Cicero. Il affirmait que ces œuvres n’étaient pas bonnes et ce dans tous les sens du mot, qu’elles étaient une perversion et une corruption de ce qui est bien; et que la possibilité de faire le bien se trouvait seulement dans la puissance de la Grâce souveraine de Dieu.
À l’exception de quelques-uns, les points de vue d’Augustin, ne prévalaient pas dans les églises de son temps. Au contraire, dans les églises une doctrine prenait place, reconnue sous le nom de Semi Pélagianisme. Ceux qui adoptaient cette doctrine ne désiraient pas être aussi ridicules et extrémistes que le fut Pélage, mais en même temps, ils refusaient d’adopter le système d’Augustin. Ils firent donc des compromis. En acceptant ces compromis ils inventaient une nouvelle hérésie.
Ils enseignaient que l’homme né en ce monde n’est pas bon. Son état est différent de celui d’Adam, avant la chute. Mais en reconnaissant cela, ils insistaient cependant à dire que l’homme n’était pas totalement dépravé. Ils considéraient que l’homme était malade. Cette maladie dont il était atteint était mortelle, et que si cette maladie n’était pas traitée, elle avait comme conséquence, la mort. Toutefois, ils affirmaient que dans cette période de maladie, l’homme était capable d’accomplir beaucoup de bien. En particulier, il était capable de sa propre volonté, de demander au Grand Médecin de bien vouloir le guérir, par le baume de la grâce curative, et le sauver de sa maladie fatale. Dieu pour sa part, avait préparé le salut pour tous les hommes, selon les Semi Pélagianismes, Il avait préparé le remède pour guérir cette maladie qui affligeait le genre humain. Dieu désirait donner ce baume curatif à tous les hommes, et cette offre pouvait être refusée ou acceptée par eux. Voila les limites que Dieu ne dépassera pas, disaient-ils! Ce baume curatif serait appliqué à l’homme pour guérir sa maladie, si l’homme lui-même le désirait. Toute la question de cette guérison … de ce salut, dépend du choix de sa propre volonté.
Si cette position du Semi Pélagianisme vous semble familière et apparaît caractéristique de la prédication des temps modernes, soyez assuré du fait qu’elle est en réalité une ancienne hérésie.
Tout le système du Semi Pélagianisme est devenu la fondation de la doctrine Catholique Romaine, du salut par les œuvres. L’imposante structure du salut par les œuvres du Catholicisme a été fondée uniquement sur les modifications du Pélagianisme.
Ce n’est qu’au moment de la Réforme Protestante, que les vérités soutenues par Augustin, furent de nouveau les vérités proclamées dans l’église. Martin Luther débuta cette réforme en opposition à l’Église Catholique Romaine, sur la doctrine de justification par les œuvres, réalisant que cette doctrine devait être abolie, et qu’il fallait de nouveau revenir à la ferme position de la Dépravation Totale. Il insista que cette dépravation est si complète, que même la volonté de l’homme est elle-même totalement esclave du péché. Il a écrit un livre, encore disponible aujourd’hui, qui a pour titre: «L’esclavage de la volonté» (The Bondage of the Will).
Mais c’est Jean Calvin qui reprit cette vérité en lien avec la vérité de la Parole de Dieu et qui formula cette vérité comme elle fut exprimée au temps du Synode de Dordrecht. Il n’est pas nécessaire d’entrer dans tous les détails, à propos de l’enseignement de Calvin. Ceux qui sont familiers avec les écrits de Calvin (en particulier dans son Institutes) savent que cette vérité de la Dépravation Totale est enseignée et présupposée sur presque chaque page. La citation suivante démontre sa dépendance sur Augustin. En discutant l’utilisation du terme «concupiscence» par Augustin, il écrit,
… notre nature est non seulement destituée de tout bien, mais si fertile dans toute sorte de mal, qu’elle ne peut demeurée inactive. L’expression «concupiscence» n’est pas incorrecte, si seulement on rajoutait, ce qui est loin d’être concédé par la plupart, que toutes choses en l’homme, la compréhension et la volonté, l’âme et le corps, sont pollués et gardés captifs par la concupiscence; bref l’homme n’est rien d’autre que »concupiscence (Institutes, Vol. I, Bk II, Chap. 1, Para. 8).
C’était cette vérité que Calvin a défendue en rendant hommage à Augustin. C’était la vérité formulée par nos «pères» au Synode tenu à Dordrecht.
Que signifie-t-on par Dépravation? Que voulaient dire nos «pères»? Qu’est-ce que les Écritures enseignent?
Premièrement, la dépravation se rapporte au péché. Ça semble évident; mais seulement dans la mesure où nous mettrons l’emphase sur la réalité et le vrai caractère du péché, serons-nous capables de maintenir la vérité de la dépravation totale.
Historiquement et aujourd’hui, ceux qui nient la vérité sur la dépravation totale, sont aussi ceux qui amoindrissent l’horreur du péché. C’est pourquoi le péché n’est pas pris au sérieux aujourd’hui. Pélage le considérait comme une habitude. Les Semi Pélagianismes le considérait comme une maladie. Et aujourd’hui on prend le péché à la légère, avec un haussement d’épaules. On refuse de reconnaître l’horreur du péché, tel que décrit dans les Écritures. À l’autre extrême du monde ecclésiastique sont les théologiens libéraux qui disent que le péché est seulement une affliction sociale ou un déficience mentale. Le traitement pour le péché sera trouvé dans la réhabilitation sociale, dans le bénévolat, dans les réformes sociales et dans la réformation du caractère extérieur. C’est le remède au péché, car le péché est perçu comme un reste de notre ascendance animale que nous avons gardé, suite à notre évolution progressive.
Mais plus près de nous, dans la mesure ou le péché est considéré comme une habitude … une maladie, l’horreur du péché a été rejeté et la vérité de la dépravation totale s’est avérée impossible à maintenir.
Les Écritures nous donnent une opinion bien différente du péché. Les Écritures nous informent catégoriquement que le péché est toujours commis en rapport avec Dieu. C’est fondamental. Dieu est le Seigneur Saint et Souverain du ciel et de la terre. Il est infiniment parfait. Sa sainteté est si grande et la gloire de l’éclat de Ses perfections si brillante, que les anges couvrent leur visage et chantent continuellement : «Saint, Saint, Saint, est le Seigneur Dieu Tout-Puissant». C’est contre lui que tout péché est commis. Ceci ce doit jamais être oublié. Le péché est une contradiction à Sa sainteté. C’est une rébellion contre le Seigneur du ciel et de la terre. Chaque péché, peu importe qu’il soit considéré petit ou insignifiant, est commis par rapport à notre relation avec Dieu. Dieu créa l’homme et le plaça dans le Paradis. Et le seul but de Dieu en créant l’homme, c’était que l’homme glorifie son Créateur. C’était la seule raison pour laquelle Dieu avait créé l’homme et l’avait placé dans le Paradis. Avec sa vie, avec tout ce qu’il était, avec toute la création sur laquelle il dominait, son seul appel était de louer et glorifier Dieu qui seul méritait, toutes louanges et toute gloire.
En mangeant du fruit défendu, Adam commettait un péché contre Dieu. C’était un péché de désobéissance contre l’ordre express qu’il avait reçu de Dieu. Ce péché de désobéissance contre Dieu, c’était aussi une détermination consciente, délibérée, de cesser de remplir le but pour lequel il avait été créé. Adam ne voulait plus rien savoir de Dieu et de sa gloire. Il avait choisi de faire partie du camp de l’ennemi. Il choisit de représenter Satan et d’aider Satan dans son plan abominable de voler le monde à son Créateur. Il tourna délibérément dos au Dieu du ciel et de la terre par ce seul acte de désobéissance. Voila ce qui rendait son péché si horrible. C’était commis contre Dieu.
Jusqu’à maintenant, et dans toute l’histoire de ce triste monde, il n’y a jamais eu autre sorte de péché. Ceci, nous devons le comprendre. Ça ne donne rien de parler du péché en terme de relations sociales ou d’inadaptation sociale. Le péché est contre le Dieu du ciel et de la terre. C’est pour cette raison que le châtiment du péché est tellement grand.
Le châtiment est donc, que Dieu fit mourir Adam. Vous pouvez comprendre pourquoi c’était nécessaire. Dieu avait créé Adam, afin qu’Il représente Sa cause dans le monde, et qu’il puisse glorifier son Créateur. C’était le seul but de son existence, et il refusa de faire cela. Il choisit de glorifier le diable. Ce fut le désir d’Adam. Pour cette raison, il n’y avait plus de place pour lui dans le monde de Dieu. Alors, Dieu fit mourir Adam. «Le jour où tu en mangeras, tu mourras sûrement.»
Que signifie, Dieu fit mourir Adam? Il n’est pas tombé mort au pied de l’arbre, comme nous le savons très bien. Premièrement, ça signifie que Dieu a déversé sur Adam la fureur de Sa colère et de Sa haine. Dieu a détesté Adam. Ça ne pouvait être autrement si Dieu voulait maintenir Sa Sainteté comme Il l’a toujours fait et qu’Il doit le faire à cause de son nom. Il ne pouvait aimer quelqu’un qui avait péché et qui n’était aussi saint que Lui. Vous comprenez que cela est maintenant en dehors de Christ. Nous savons que Adam a été sauvé en Christ. Mais en ce qui concerne la mort qui est venue sur Adam, Dieu a déversé sur lui Sa colère. C’était dans la nature de Dieu même, d’agir ainsi. Adam était séparé de Dieu. Comme il fut chassé du Paradis, il fut aussi privé de la présence de Dieu. Sa vie qui avait été ensoleillée par la faveur de Dieu, était devenue ombragée par les nuages de la colère de Dieu. Il avait connu la joie, la paix, le bonheur et une vie en relation avec son Créateur, mais maintenant, ce n’était que détresse, séparation, colère, trouble, affliction, angoisse et la mort.
Deuxièmement, le fait que Dieu fit mourir Adam a amené sur Adam la dépravation totale. Voila ce que la mort signifie. La mort et la dépravation sont synonymes. Comment l’apôtre Paul l’exprime-t-il dans Éphésiens 2:5? «… alors que nous étions spirituellement morts à cause de nos fautes, il nous a fait revivre les uns et les autres avec le Christ.» Le châtiment pour la terrible transgression d’Adam, fut que Dieu apporta sur Adam l’horreur de la dépravation totale. Il le rendit esclave du péché dans son être et dans sa nature au complet. C’était la punition du péché, et c’est en terme de punition du péché, que nous devons considérer la vérité de la dépravation totale. Puisque le péché est si terrible, il mérite une punition terrible. La dépravation totale de la nature de l’homme est la punition du péché. Ainsi tous depuis Adam, homme, femme et enfant, tous sont totalement dépravés.
Comment est-ce possible que tous les hommes sont totalement dépravés? Brièvement, nous devons mentionner deux raisons.
La première, tous les hommes en Adam sont responsables du péché qu’Adam a commis. Adam était la tête de la race humaine, comme Christ est la Tête de Son peuple élu. L’apôtre Paul l’exprime en ces mots : «Car tous meurent en Adam, de même aussi tous seront vivifiés en Christ» (I Corinthiens 15:22). Adam était la tête de tous les hommes, et tous les hommes sont ainsi responsables de sa transgression.
La deuxième, Adam étant le père de tout le genre humain, nous avons hérité de la corruption et de la dépravation transmise par Adam. David l’avait chanté dans sa complainte: «Voila j’ai été formé dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché» (Psaume 51:7).
C’est ainsi que la dépravation totale est venue sur tous les hommes.
Les Écritures et nos Confessions nous enseignent que cette dépravation est totale.
Avant d’entrer dans une description détaillée, je dois attirer votre attention sur des distinctions qui ont été faites et qui sont devenues très populaires. Ces distinctions cherchent à adoucir la vérité de la dépravation totale. Il y a la distinction qui est parfois faite entre la dépravation totale et la dépravation absolue. Cette distinction prétend que si l’homme est totalement dépravé, il n’est pas absolument dépravé. La citation suivante servira à élucider le sens de cette distinction. (Elle est prise dans La Bannière, et trouvée dans un article qui explique les Canons de Dort, tout spécialement Canons III/IV:4.)
Le résultat de la chute est la dépravation totale ou la corruption. Ça veut dire que chaque partie de l’homme est devenue corrompue. Les Canons disent que les hommes dans l’aveuglement de leur esprit, dans une obscurité horrible, par un jugement pervers et vaniteux, ils sont devenus mauvais, rebelles et obstinés de cœur et de volonté et impurs dans leurs affections. Il n’y avait aucune partie de sa nature qui n’était pas affectée par le péché. Le mot «total» ne doit pas être pris dans le sens absolu comme si l’homme était complètement dépravé. L’homme n’est pas aussi mauvais qu’il pourrait être. L’article 4 que nous espérons examiner plus profondément plus loin dans cette série, parle d’une faible lueur de la lumière qui reste dans l’homme depuis la chute. Dieu restreint les hommes dans leur capacité de pécher durant leur vie sur terre. L’homme pécheur garde toujours le sens de ce qui est bien et ce qui est mal. Sa corruption est totale dans le sens qu’il n’y a aucune partie de son être qui soit pure et sainte; et le bien qu’il fait est fait pour Dieu et pour Sa gloire.
Dans cette citation les distinctions sont faites entre la dépravation totale et la dépravation absolue. La dépravation totale veut dire que l’homme est dépravé dans chaque partie de son être. Mais tandis qu’il est dépravé dans chaque partie de son être, en même temps, demeure dans chaque partie de son être, un reste de bien … un reste de bon. La dépravation absolue signifie que chaque partie de son être est complètement mauvaise. Cette distinction fut donc apportée afin de laisser un peu de place pour le bien que chaque homme peut faire Et ce «bien» est particulièrement relié à la possibilité d’accepter l’Évangile. C’est précisément ce que nos Canons ne veulent pas dire par la dépravation totale.
Une autre distinction qui est souvent faite, c’est celle entre le motif intérieur du cœur et l’œuvre extérieure. Plusieurs soutiennent que même si la nature de l’homme est dépravée, il a quand même, en ce qui concerne ses œuvres extérieures, une capacité considérable d’accomplir le bien. Il peut faire des œuvres qui sont en harmonie avec la loi de Dieu. Il ne vit pas une vie totalement adultère. Il ne marche pas sur la rue en pointant une arme a feu sur tous ceux qu’il rencontre. Il est capable de conformer sa vie extérieurement en obéissance à la loi de Dieu, et de faire beaucoup de bien même si à l’intérieur il est corrompu.
Ça aussi, c’est une chose que nos «pères» ne voulaient pas dire. Ils ont parlé de dépravation totale. En réalité, l’homme est aussi mauvais qu’il le peut. C’est ce que les Écritures enseignent.
Il y a aussi une autre distinction qui doit être apportée entre ce qui est appelé spirituellement bien et naturellement bien. La citation précédente suggère cette distinction. «Spirituellement bien» voudrait dire «bien» dans le sens de base possible pour le salut. L’homme pourrait lui-même tenter de faire un pas en direction du ciel. Ils insistent en effet, que l’homme est incapable d’un tel «bien spirituel,» mais néanmoins, il est capable de «bien naturel.» Par bien naturel, nous désignons des gestes de bonté qui seraient conformes à la loi de Dieu. Ceux qui maintiennent ceci, démontrent au monde dans lequel nous vivons, que plusieurs parviennent à accomplir du «bien naturel.»
Ces distinctions tentent d’une façon ou d’une autre, d’amoindrir la dureté de la doctrine de la dépravation totale.
Quand Calvin et nos «pères» de Dort ont insisté sur le fait que la dépravation était totale, ils connaissaient très bien la signification de ces mots. Ils comprenaient que l’expression «dépravation totale» signifiait ce que les Écritures appellent «mort.» Le pécheur est mort; il est mort spirituellement du moment même de sa naissance. Il n’est pas malade. Il n’est pas affligé d’une infirmité ou malformation qui pourrait être fatale. Il est mort. Voila l’enseignement emphatique des Écritures. La Parole de Dieu a toujours comparé l’état de pécheur à celui de la mort.
Qu’est-ce que cela signifie?
Cela veut dire que la nature humaine étant si complètement corrompue par le péché, elle ne peut rien produire de bon. Il est impossible au pécheur de faire quelque chose qui soit agréable aux yeux de Dieu. Son cœur est mort. Salomon ne dit-il pas: «car de ton cœur jaillissent les sources de la vie» (Prov. 4:23). Pourtant le cœur, qui est la source de vie, est mort. L’esprit de l’homme est mort. L’esprit de l’homme est tellement obscurci par le péché, qu’il lui est impossible de savoir ce qui est bien spirituellement. Bien sûr, il peut saisir le sens formel de la vérité. Quand l’homme mauvais lit les Écritures, il peut comprendre la signification des mots et les pensées exprimées par ces mots, mais son esprit est si obscurci, que chaque fois que ces vérités concernant Dieu lui sont exposées, il les déteste et désire s’en détourner. Il est rebelle à la clarté de la Parole et il la rejette loin de lui. C’est tellement vrai que Jésus dit à Nicodème: «à moins de renaître d’en haut (naître de nouveau), personne ne peut voir le royaume de Dieu.» Son esprit est si enténébré par le mensonge, qu’il ne s’y trouve aucune place pour la vérité.
C’est exactement la même chose pour la volonté de l’homme. L’esclavage de la volonté décrit précisément l’état de l’homme. Son esprit est captif (emprisonné par le péché). L’homme ne peut même pas désirer faire le bien. Le pécheur ne peut pas faire ce qui est bien, ni le veut-il. C’est sa nature, il est mort. Un homme mort peut-il penser ou désirer? Un homme mort peut-il donner signe de vie? L’homme mort spirituellement est incapable de bien spirituel.
Regardons ce que les Canons expriment aux chapitres III/IV, Article 1:
Au commencement, l’homme a été créé à l’image de Dieu. Sa compréhension était embellie de la vraie et salutaire connaissance de son Créateur, et des choses spirituelles; son cœur et sa volonté étaient droits; ses affections étaient pures; l’homme en entier était saint; mais en se révoltant contre Dieu sous l’instigation de Satan, et abusant de la liberté de sa propre volonté, il venait de perdre ces dons excellents. Au contraire, il entraînait sur lui des conséquences terribles; un esprit aveuglé, un jugement pervers et vaniteux, et une noirceur terrible, il devint méchant, rebelle, opiniâtre de coeur et d’esprit et impur dans ses affections.
Je ne peux penser à une description de l’homme pire que celle-ci. Votre objection sera peut-être de dire: «Oui, mais les Canons parlent d’une faible lueur de lumière naturelle.» C’est vrai! Ils parlent d’une faible lueur de lumière par laquelle l’homme maintient une certaine connaissance de Dieu, des choses naturelles, et de la différence entre le bien et le mal. Ces faibles lueurs donnent à l’homme un respect pour la vertu, pour le bon ordre dans la société, et pour garder un comportement extérieur ordonné.
Mais deux remarques doivent être apportées à cet égard:
En premier, quand Dieu apporta la mort sur l’homme comme châtiment pour le péché, Dieu n’a pas fait de l’homme un diable, ni un animal. L’homme est demeuré un homme. C’est ce que nos Canons veulent dire. Il était totalement dépravé; mais il était emphatiquement un homme totalement dépravé. Parfois on objecte, que si Dieu n’avait pas préservé quelques restes de bon dans l’homme, alors l’homme serait devenu un démon ou une bête. C’est absurde! L’homme ne serait pas devenu un démon ou une bête si certains éléments de bonté n’étaient pas préservés en lui. Il a été créé un homme. En tant qu’homme, Dieu le punit. En tant qu’homme, Dieu le chasse hors de son monde. En tant qu’homme, Dieu l’envoie en enfer. Mais il demeure un homme. C’est ce que veulent dire les Canons.
Deuxièmement, les Canons nous expliquent en quoi consistent ces faibles lueurs de lumière dans la nature de l’homme; et les Canons dans le même article (III/IV:4) démontrent clairement qu’ils ne veulent pas dire que l’homme est encore bon.
Mais cette lumière naturelle est bien loin d’être suffisante pour amener l’homme au salut et à la connaissance de Dieu, et à une véritable conversion; il est incapable de l’utiliser droitement, même dans les choses naturelles et civiles. Même plus, cette lumière en tant que telle, deviendra polluée en entier par l’homme de différentes façons, puisqu’il est incapable de droiture dans son comportement et qu’il devient inexcusable devant Dieu.
C’est la triste image de l’homme rendue par nos Canons en défendant la vérité de la dépravation totale. Et le point est que, si la nature de l’homme est morte, on ne peut s’attendre à ce que cette nature morte produise de bonnes œuvres. Comment est-ce possible? Comment un homme mort peut-il faire le bien, quel qu’il soit; naturel, externe ou autre? Un arbre pourri peut-il porter de bons fruits? Une fontaine polluée peut-elle donner de l’eau douce? Un corps mort peut-il donner la vie? Si la nature de l’homme est dépravée, non seulement dans toutes ses parties, mais de sorte que chaque partie est complètement corrompue, alors il n’y a aucun bien que l’homme puisse accomplir en aucun sens du mot, qui soit agréable aux yeux de Dieu. Il ne peut faire le bien naturel. Il ne peut faire le bien spirituel. Il ne peut faire le bien civil. Il ne peut conformer sa nature aux lois de Dieu. Il ne peut désirer son salut. Il est lié sans espoir, par les chaînes du péché.
Rien de bien ne peut être trouvé aussi parmi les païens. Si souvent on veut nous convaincre que les païens tentent désespérément de se libérer de leurs idoles; qu’ils désirent de tout cœur échapper aux chaînes du royaume des ténèbres. Et ils nous disent vouloir servir le vrai Dieu, si seulement ils savaient qui il est. Ils attendent avec impatience que quelqu’un leur parle du vrai Dieu, de Christ, parce que leurs désirs sont dans la direction de la vraie religion. Ainsi quand l’Évangile est prêchée, cet évangile leur apporte les mots qu’ils désirent entendre depuis longtemps et qu’ils s’empressent d’embrasser.
Rien n’est plus faux et cela ne se produira pas. Nous ne devons pas adoucir la rudesse des paroles de l’Évangile. L’homme est totalement dépravé et en lui ne se trouve rien de bon.
Je suppose que certains s’objecteraient à tout ceci et insisteraient en disant: «Oui, mais quand je sors et que j’observe la conduite des gens autour de moi, je remarque des choses contraires à ce que vous dites. Je vois beaucoup d’amour dans le monde; l’amour entre l’homme et sa femme; l’amour entre les parents et les enfants; l’amour de l’homme pour l’homme. Il y a beaucoup de compassion, de philanthropie et de désir de s’aider les uns les autres dans un monde mauvais. Il y a des accomplissements merveilleux, qui frappent notre imagination au niveau de la science, de la technologie, et de l’industrie. En médecine il y a des performances exceptionnelles de guérison. Quelles œuvres puissantes l’homme peut produire! L’homme est capable de grandes choses! N’êtes-vous pas excessivement dur? Vos propos ne sont-ils pas injustes? Ne fermez-vous pas les yeux sur des réalités évidentes qui nous entourent? Allez de par le monde et vous trouverez que votre jugement sur l’homme est trop sévère.»
Que devons-nous répondre?
Trois remarques doivent être apportées
Premièrement, il faut se rappeler ce qui a été dit dans l’introduction. Nous ne parlons pas de la vérité de la dépravation totale, basée sur l’observation. En faisant ainsi, nous échouerions. Nous ne devons pas porter attention à ce que l’homme dit sur l’homme. Nous devons plutôt écouter la Parole de Dieu—ce que Dieu dit sur l’homme. Dieu connaît les cœurs. Nous avons un appel, celui de s’incliner devant la Parole de Dieu. Et Dieu dit que l’homme est mort.
Deuxièmement, nous devons dire quelque chose à propos des bonnes œuvres apparentes. Ce problème, assez frappant, était déjà présent à l’époque d’Augustin. Il y avait ceux qui s’objectaient à la doctrine d’Augustin sur la même base. Mais Augustin avait fait ce commentaire très pointu: le bon apparent que les homme font, est le résultat du fait que, dans leur vie, un genre de convoitise réprime et retient une autre sorte de convoitise. Il donnait l’exemple de l’homme, dont la vie était dominée par la convoitise de l’argent. Cet homme là était tellement préoccupé à acquérir pour lui-même une abondance de biens matériels, que cette convoitise dominante prend toute la place dans sa vie. C’est une force dominante qui bannit toutes les autres convoitises. Dans sa poursuite du gain, il laisse tomber tous les autres plaisirs. Il ne veut pas gaspiller son argent dans la gourmandise, dans l’ivrognerie, ou dans une vie de débauche. Il mange frugalement et boit avec modération. Il ne gaspille pas son accumulation d’or et d’argent, dans une vie adultère. C’est insensé pour lui, car seul l’argent l’intéresse. C’est l’explication du bien apparent que les hommes font. Une convoitise en restreint une autre. C’était la réponse d’Augustin. Et c’est vrai encore aujourd’hui.
Pouvez-vous appeler «bonnes» ces choses que l’homme fait? Pouvez-vous appeler cela «bon» quand un homme renonce aux plaisirs de l’adultère, afin d’accumuler de plus grandes richesses pour lui-même? Est-ce bon aux yeux de Dieu? Certes non! Il en est de même pour la supposée apparente philanthrophie des hommes et de leurs nombreuses œuvres de bonté. Tout ce que l’homme désire dans sa vie, c’est d’être honoré et reconnu. Le péché est l’orgueil, et l’homme recherche toujours à s’exalter devant les yeux de ses contemporains. Par cette force dominante, cette convoitise pour l’honneur et la renommée, il est prêt à faire des largesses à l’étranger. Il partage volontiers ses richesses avec le monde, afin d’en être loué et d’entendre de ses oreilles les éloges de ceux avec qui il vit. Croyez-vous que c’est «bon»? Comment cela peut-il être «bon»?
Dans un sens plus large du mot, ceci est vrai de toute l’histoire de ce triste monde. Quand Dieu créa Adam dans le Paradis, Il le plaça au milieu de ce monde merveilleux, afin qu’il puisse aimer Dieu de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son âme et de toute sa force. Le monde lui avait été donné pour glorifier son Créateur. C’était la seule raison de son existence. Mais Adam refusa et écouta le diable. Il écouta le diable lui murmurer: «Vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal.» Adam prit parti avec le diable. C’était le but de l’ennemi, de déloger Dieu de son trône et s’accaparer le monde de Dieu, et pour accomplir son plan, il avait enrôlé l’homme. Le péché veut donc dire (de ce point de vue) que l’homme qui se tient du même coté que le diable, recherche dans tout ce qu’il fait à poursuivre le plan diabolique de faire de ce monde le royaume de Satan. Ça détermine tout! C’est ce que le péché signifie! C’est la haine de Dieu. C’est la rébellion contre le Très-Haut. Ça devient donc une tentative désespérée de la part de l’homme de saisir le monde dans lequel il a été placé et sans relâche il essaiera d’en devenir le maître; de chasser Dieu de Son monde; de détrôner Christ; de rendre cet univers assujetti au péché. Et pour accomplir ce but, il utilisera tous les moyens à sa disposition. Et s’il le doit, dans la poursuite de ce but, il délaissera certains plaisirs pour arriver à ses fins. Il sait que si le gouvernement n’était pas institué pour faire des lois et les mettre en vigueur, ce serait l’anarchie qui prévaudrait. Et l’anarchie l’empêcherait d’atteindre son but. Alors il ne fait pas seulement les lois, mais il s’y conforme. Il fera cela aussi longtemps qu’il le faudra, afin de chasser Dieu hors de Son monde. Et aussitôt qu’il croit pouvoir échapper à la colère de Dieu et à ses conséquences, il fera ce qui lui plait. Assit sur son orgueil, il dira: «Le monde m’appartient. Dieu est parti. Je peut faire comme il me plait—pécher à volonté. Il n’y a plus aucun besoin de s’inquiéter des conséquences du péché. Dieu est banni de son trône.» Tout ce que l’homme fait alors, (tout ce bien apparent) est déterminé par ce désir dominant. Il peut se tenir aux frontières de l’espace. Il peut faire des inventions merveilleuses dans le domaine des sciences. Mai tout ça, c’est parce qu’il est engagé dans un combat désespéré, pour arracher ce monde des mains de son Créateur. Il ne prendra aucun repos, tant que son but ne sera pas atteint. Ce principe est profondément ancré dans sa vie. C’est pourquoi tout le péché de la race humaine culmine enfin dans cet homme de péché, le Fils de la Perdition, l’Antéchrist. Dans l’Antéchrist il pense atteindre son but.
Sans aucun doute la dépravation est totale.
Pour conclure deux remarques sont apportées. En premier, l’importance de cette doctrine est théologique. Cela signifie deux choses:
Tout d’abord, la vérité de la dépravation totale n’est pas une doctrine isolée. Elle est étroitement reliée et entrelacée avec les quatre autres points du Calvinisme. Et parce que c’est vrai, elle est étroitement liée avec toute la vérité des Écritures. C’est avec raison que notre Catéchisme d’Heildelberg débute sa discussion de la vérité entière par rapport au sens de la dépravation totale.
Sommes-nous si corrompus que nous sommes incapables de faire le bien quel qu’il soit ? Nous le sommes en effet, à moins d’être régénérés par l’Esprit de Dieu.
C’est sur cette base que le Catéchisme érige la structure entière de la vérité. La vérité de la dépravation totale fait partie de toute la vérité de l’Écriture. Si cette vérité est niée, amoindrie, pervertie à quelque égard, il devient impossible de préserver la moindre partie de la Parole de Dieu. Historiquement ça s’est avéré vrai. Et ça repose dans la nature de la cause spécifiée. C’est aussi vrai en ce qui regarde les Cinq Points du Calvinisme. Nier la dépravation totale nous amène à nier la grâce souveraine. Inévitablement, ça nous mène aussi à un démenti de la rédemption particulière (ou rachat limité) et à l’élection inconditionnelle. De même la préservation des saints tombe nécessairement de côté. Ça ne peut être démontré en détail dans ce chapitre, mais tout ça sera clarifié amplement dans les chapitres qui vont suivre. Mais il devrait être clair que si l’homme n’est pas totalement dépravé, alors la grâce ne peut être souveraine. Dans la mesure où il n’est pas totalement dépravé, l’homme est capable de faire le bien. Et à cet égard, il est capable de participer à l’œuvre du salut. Donc à ce point, la grâce n’est pas souveraine du tout. Les deux vérités se tiennent ou tombent ensemble. Et ainsi en est-il de toute la vérité.
Deuxièmement, tout ceci signifie (et plus sérieux encore) que la vérité de la dépravation est la seule vérité qui préserve intacte la gloire de Dieu. Dans la mesure où le bien est attribué à l’homme, la gloire est enlevée à notre adorable Dieu. Dans la mesure que l’homme est reconnu pour être «autre» que ce que l’Écriture dit de lui, Dieu n’est plus le glorieux, souverain et saint Dieu du ciel et de la terre.
Et ceci nous amène au dernier point. Cette vérité est également importante, en ce qui concerne la vie de l’enfant de Dieu.
La doctrine de la dépravation totale n’est pas un dogme froid et abstrait. C’est la confession vivante du peuple de Dieu. Mais même cette confession n’est pas quelque chose qu’il fait de lui-même. Elle est le fruit de la grâce. Car la caractéristique du pécheur c’est de s’exalter lui-même dans son orgueil, dans sa grandeur et son arrogance. Dans ce concept effrayant il refuse d’admettre sa dépravation totale et se vante de sa propre bonté devant la face du Très-Haut. Mais quand la brillante lumière de la Sainteté de Dieu et la puissance de la grâce souveraine pénètre dans le cœur de celui que Dieu à élu, il se voit exposé nu devant la face de Celui qui connaît les cœurs, et il entend avec effroi les sentences terribles de la Parole de Dieu. Il se voit sans valeur, corrompu, dépravé, incapable de faire le bien. Et les paroles des saints de tous les temps résonnent dans son propre cœur: «Voici j’ai été formé dans l’iniquité et ma mère m’a conçu dans le péché.» Que Dieu soit compatissant envers moi, car je suis un pécheur. «Misérable que je suis. Qui me délivrera de ce corps de mort?»
Voila la confession vivante d’un enfant de Dieu. Quand cette confession saisit son âme et qu’il se voit tel qu’il est, comme la Parole de Dieu le décrit, alors, c’est avec les yeux remplis de larmes qu’il peut aussi voir la croix. C’est seulement en devenant conscient du péché, qu’il peut voir la merveille et la puissance de la croix; le pardon et la grâce qui y sont révélés; l’infinie splendeur de l’amour de Dieu manifesté dans le sang versé à la croix. Et voyant ceci, il aperçoit la merveille de la grâce souveraine et de son cœur s’élève une doxologie d’éloges et de louanges à la gloire de Dieu—le Dieu de son salut.
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